Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 27 février 2013

Général Percin, 1914 : quand un militaire expliquait la guerre à ses contemporains.


Alors qu’actuellement, de nombreuses voix réclament un renouveau du lien armée-Nation, arguant du fait que les Français se désintéressent des questions militaires et que le service national a été suspendu, l’étude des écrits du passé nous révèle, une fois de plus, qu’il a toujours fallu expliciter la guerre aux citoyens. Ainsi, en relisant un ouvrage du général Percin rédigé en 1914, à la veille du premier conflit mondial, intitulé « Le combat » (voir la rubrique « A lire »), on découvre un officier soucieux de rendre abordable au monde civil les fondements et spécificités du métier des armes, les raisons de l’investissement de l’Etat dans son armée, tout comme les procédés tactiques du moment.



Dès son introduction, il admet s’adresser, non pas aux grands décideurs militaires, mais « aux gradés, aux officiers d’active et de réserve, aux mères, aux femmes et aux enfants de ceux qui risquent leur vie pour la défense de la Patrie ». Son propos se veut donc d’une grande pédagogie au travers de multiples références à l’histoire militaire, de l’Antiquité au début du XXème siècle et ce, avec une appétence toute particulière pour la guerre de 1870 qu’il a vécue ou encore, les conflits de son époque (Balkans, Mandchourie, Boers,…).
Même si on peut l’accuser de défendre la doctrine « de l’offensive à outrance » ou le primat des forces morales cher à Ardant du Picq, théories qui mèneront à des pertes effroyables face aux Allemands quelques mois plus tard, son analyse du combat demeure, en grande partie, d’actualité. Elle permet à l’opinion publique d’appréhender l’essence de la guerre, définie par Clausewitz comme la « dialectique des volontés » entre deux belligérants.
Tout d’abord, le général Percin a déjà compris que l’investissement d’un pays dans ses moyens militaires passe par un effort d’explication pour ceux qui, in fine, déterminent les choix de la Nation. Dans ce cadre, il déclare d’emblée que « pour exercer, sur la préparation à la guerre, l’influence qui lui revient légitimement, le public doit avoir quelque notion des différentes armes sur le champ de bataille, être initié aux règles générales de leur emploi. Il doit, sans explorer le domaine de la tactique, sans pénétrer le détail de nos mécanismes de manœuvre et de tir, savoir comment les choses se passent au combat ». Il est, en ce sens, un précurseur des défenseurs de ce que l’on nomme aujourd’hui la culture de Défense symbolisée par des organismes comme l’IHEDN créée dans les années 1930.
Le général Percin bat ensuite en brèche les idées reçues sur la guerre qui, comme aujourd’hui à l’heure des conflits asymétriques, suscitent le débat, la crainte de l’enlisement ou provoquent des interprétations déformées sur la réalité du terrain. Le soldat expérimenté, et auteur du livre, détaille, par conséquent, le combat comme la lutte des forces morales, expliquant que la victoire n’est pas toujours au bénéfice du parti ayant subi le moins de pertes. Il cite l’exemple des Japonais qui, face aux Russes en 1904-1905, sont les vainqueurs malgré 41% de soldats hors de combat contre 29% pour les armées du Tsar. Il rappelle que le stratège allemand Von der Goltz affirmait déjà « qu’il ne s’agit pas tant d’anéantir les combattants ennemis que d’anéantir leur courage », citation étant, de surcroît, une vraie leçon pour les théâtres d’opérations contemporains.
Pour l’officier français, vaincre c’est chasser l’ennemi du terrain en privilégiant divers modes d’action :
-le feu et le mouvement ;
-l’abordage (l’assaut) pour provoquer la peur chez l’ennemi, considérant que le tir à distance ne suffit pas car le camp adverse peut s’en protéger.
-la surprise, déstabilisatrice et favorisée par la manœuvre de flanc des petites unités ;
-la poursuite (ou exploitation en utilisant un terme plus moderne). Il défend ainsi l’idée que « celui qui laisse ainsi à son adversaire le temps de se reformer après un échec, commet une faute ».
Selon lui, le combat suscite la peur, sentiment inévitable pour le général qui l’explique par la confrontation du soldat avec l’inconnu (le brouillard de la guerre, l’imprévu), la surprise et l’isolement (élargissement du champ de bataille). Pour dépasser cette peur, il propose d’expliquer la mission aux subordonnés (« le soldat doit connaître la manœuvre » selon le général Bugeaud en 1834) et de développer l’esprit de corps. Ses conseils ne s’arrêtent pas là car il souligne l’importance des leçons de l’histoire, l’influence des forces matérielles (convaincre la société de bien équiper son armée), le rôle clé des moyens d’entraînement, le temps nécessaire à l’instruction du combattant (manœuvres, exercices réalistes) et enfin, l’implication et la préparation opérationnelle des réservistes (pour compléter les forces d’active). Il s’agit bien dans ce texte, vieux d’un siècle, d’un débat et d’arguments qui sont encore proches des considérations contemporaines.
Enfin, pour les néophytes, il donne des clés de compréhension sur les armes de son temps, décrivant l’infanterie comme la reine des batailles capable de s’adapter au terrain, la cavalerie centrée sur la sûreté et la recherche du renseignement, l’artillerie au service des fantassins mais déjà portée à tirer dans la profondeur pour conclure sur le génie symbole de « l’ouvrier combattant ».
En bref, le général Percin, au-delà des idées tactiques qu’il cherche à défendre en cette année 1914, apparaît comme un précurseur de cette nécessité de décrire, au monde civil, la réalité du combat, ses enjeux, ses applications concrètes. Seules de telles initiatives ont permis et permettront encore de sauvegarder le lien entre la Nation et son armée, dans une compréhension mutuelle qui permettra de garder à l’esprit que « la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens ».

2 commentaires:

  1. Etes-vous seulement ignorant (ce qui en soit constitue une faute relativement grave) ou êtes-vous carrément socialiste ?
    Comment pouvez-vous publier un tel article sans mentionner qui est Percin ?

    Un général en mal de notoriété qui passe de la secte du Grand orient de France (en 1900) au parti communiste (en 1922).
    - il contribue à la persécution des officiers de tradition catholique
    - il abandonne à l'ennemi et envahisseur, armes et munitions à Lille en août 1910
    - il écrit dans L'Humanité des "articles abominables", "semeur de haine entre Français, faussaire, calomniateur", etc.
    Source : Buat Edmond, Journal 1914-1923, Perrin, 2015, pages 411 et 1236.

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    1. Bonjour
      je trouve votre message quelque peu agressif voire diffamatoire. Mon blog comme mon expertise font maintenant référence depuis 2011 dans le domaine de l histoire militaire. Je ne fais pas de politique et je laisse les polémiques à d autres intervenants ou auteurs. Je concentre mon travail d étude sur la tactique, la stratégie et l art de la guerre. Dans ce cadre les écrits du général Percin que je cite apportent une vraie réflexion sur l engagement militaire. Vos commentaires dans ce strict cadre sont donc les bienvenus. Merci de l intérêt que vous portez à mon blog.

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