Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mardi 29 octobre 2013

Femmes de guerre : une histoire ancienne et riche.


Cet article consacré aux « combattantes » a pour ambition d’introduire des portraits qui mettent en lumière des destins connus comme des faits d’armes plus confidentiels.  Chacun d’entre eux ont souvent fait l’objet d’ouvrages riches et largement documentés ou d’articles spécialisés. En effet, alors qu’aujourd’hui la présence des femmes dans les forces armées, y compris sur les champs de bataille modernes, parait comme une évidence, on oublie souvent que l’histoire militaire, de l’Antiquité jusqu’au XXème siècle, regorge d’exemples de femmes de guerre qui ont participé aux grands conflits à des postes allant de fantassin à pilote d’aéronefs en passant par espionne, infirmière ou commandant d’une unité.
Nous balaierons donc, dans les lignes qui suivent, quelques épisodes mettant en exergue cette engagement féminin dans la guerre.


A l’époque biblique, des femmes n’hésitent pas à porter les armes comme en témoigne l’épisode de Déborah, une jeune juive, qui remporte une victoire mémorable lors de la conquête du pays de Canaan près du Mont Tabor. Avec son armée, elle use de l’effet de surprise en profitant de la pluie pour masquer sa manœuvre et vaincre les troupes du cananéen Sisera. De même, dans l’Antiquité, la légende des Amazones naît avec les écrits d’Hérodote et s’appuie probablement sur les guerrières Scythes d’Asie centrale. Au cours du Moyen-Age, contrairement aux idées reçues, de nombreuses nobles, dont certaines célèbres, comme Ida d’Autriche et la fille d’Eudes de Bourgogne, se battent, aux côtés des chevaliers, lors de la première croisade ou sous les murs de Saint-Jean d’Acre en 1191. Dans la période trouble qui entoure la guerre de Cent ans, des suzeraines, même si elles ne portent pas l’épée, sont contraintes de diriger les hommes d’armes pour protéger forteresses et cités ou encore pour préparer la stratégie politico-militaire, à l’image de ce qu’accomplit une Aliénor d’Aquitaine par exemple. Comment ne pas évoquer bien sûr Jeanne d’Arc et son action décisive pour la reconquête du royaume de France comme le montre son action héroïque lors du siège d’Orléans.
Après une éclipse dans l’engagement féminin à partir de la Renaissance, la Révolution française et les guerres menées par la jeune république donnent l’occasion à des combattantes de s’engager dans la fournaise de la bataille. Le Service Historique de la Défense dispose d’ailleurs des états de service de certaines de ces militaires qui, comme le lieutenant Ursule Aby en 1791, l’artilleur Marie Adriam en 1793 ou encore Jeanne Marie Barrère de la 5ème demi-brigade d’infanterie (pour laquelle ses supérieurs écrivent qu’elle dispose « d’un courage au-dessus de son sexe » refusant d’être évacuée  malgré une blessure) font honneur à leur pays. Plus tard encore, le caporal Marie Angélique Duchemin recevra la légion d’honneur en 1851 pour ses faits de guerre au cours des campagnes de Bonaparte.
Il existe d'autres traditions de femmes-guerrières à la fin du XIXème siècle. Au Dahomey, sous le roi Agadja, le souverain Ghézo (1818-1858) crée des compagnies féminines de cavalerie et d'infanterie qui seront baptisées les « Amazones vierges du Dahomey » et combattront d'abord dans les affrontements ayant opposé le Dahomey aux Yoroubas. Par la suite, le roi Béhanzin les utilise contre les troupes coloniales françaises. De même, au Sénégal, le royaume de Cayor envoie ses « Linguères » (sœurs et cousines des souverains) dans ses différentes batailles contre les Maures. L'Empire zoulou, quant à lui, avait auparavant constitué des régiments de jeunes filles combattantes ou chargées de la logistique face aux armées de Grande-Bretagne.
Mais c’est bien le XXème siècle qui mettra en lumière les femmes de guerre au cours de la succession des deux conflagrations mondiales et les batailles de la décolonisation. L’année 1914, et les combats qui suivent jusqu’en 1918, conduisent les femmes à soutenir l’effort de guerre (usines d’armement, travaux des champs) mais également à rejoindre le front. Elles sont spahis comme Fatima, qui se fait passer pour un homme afin de suivre son compagnon depuis le Maroc jusque sur les champs de bataille de la Marne, agents de renseignement derrière les lignes allemandes, à l’image de Louise de Bettignies arrêtée en 1915, infirmières mortes pour la France sous le feu comme Victorine Henriette Pauze. Dans d’autres pays, en Russie, c’est près de 6000 femmes qui se battent dans des bataillons de première ligne. Le second conflit mondial sera, pour sa part, le plus révélateur et le plus riche en exemples concrets. En effet, le besoin en effectifs nécessite l’engagement de toutes les forces vives des belligérants. Si la France Libre peut compter sur son corps de volontaires françaises pour les états-majors mais aussi le BCRA (actions clandestines) ou des « Rochambelles » (infirmières et conductrices ambulancières) de la 2ème DB de Leclerc, les Britanniques recrutent 9% de femmes, regroupées au sein du WAC (Women’s army corps) et les Américains 150 000 militaires féminines pendant que Staline engage jusqu’à 500 000 soviétiques, y compris dans les ruines meurtrières de Stalingrad.
Après-guerre, d’Indochine à l’Algérie, de Dien Bien Phu aux SAS du Djébel, des figures deviennent des symboles de l’action des femmes pour leur pays comme, par exemple, Geneviève de Galard ou Dominique Sidot. Aujourd’hui encore, des Etats imposent le service militaire obligatoire pour les jeunes femmes, en Israël ou en Erythrée. Enfin, sur les théâtres d’opérations contemporains, des femmes s’illustrent aussi bien que leurs camarades masculins avec l’américaine Monica Brown, en 2012, seconde combattante d’outre-Atlantique  à être décorée depuis 1945 ou, plus récemment, le lieutenant Duhamel du 40ème RA qui a reçu la croix de la valeur militaire à la suite de son action en Afghanistan.
Aussi, pour conclure, les femmes ont, de tous temps, participé à l’histoire militaire ainsi qu’aux combats de leurs époques et méritent que l’on évoque, au travers de quelques portraits, ce qu’elles ont accompli. Des articles à venir vous seront proposés pour rendre hommage à ces combattantes et afin de mettre en perspective leur engagement dans l’évolution tactique et technique de l’art de la guerre.

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