Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 28 mai 2014

Histoire de l'artillerie (4/4).




A partir de 1873, la culasse du général Treuille de Beaulieu, la généralisation de l’obus type de Reffye ainsi que d’autres innovations ouvrent la voie d’une nouvelle aire pour l’artillerie française en particulier. Deux nouveaux types de canons apparaissent, les systèmes de Bange et Lahitolle qui poussent la portée à 5000m. Malheureusement, ils ont un défaut majeur, le recul n’est pas maîtrisé du fait des poudres utilisés obligeant le repointage après chaque coup ou des systèmes de freins de circonstances (plans inclinés, cordages,…) peu efficaces.
La grande nouveauté émerge avec la mise au point du canon de 75mm de 1897 avec en particulier son système de frein récupérateur facilitant la visée entre chaque coup et surtout une cadence de 20 coups à la minute. Les obus sont davantage performants avec des fusées fusantes ou des charges particulières (fumigène, éclairants). Cette pièce devient le symbole des combats de la première guerre mondiale avec de hauts faits d’armes, en particulier lors des combats de la Marne et de Verdun. Le premier conflit mondial sera d’ailleurs un formidable accélérateur pour l’artillerie qui devient une arme majeure avec des canons de tous calibres et une guerre de position qui impose un emploi massif des feux. Les mortiers sont d’ailleurs réhabilités à cette occasion sous le nom de « crapouillots » afin d’harceler l’ennemi dans ses tranchées. L’artillerie spéciale apparaît également sous la forme de chars d’assaut tout comme les canons tractés par engins automobiles ou chenillés.
Tout au long du XXème  siècle, l’artillerie va poursuivre son développement et sa modernisation même s’il n’y aura plus de révolutions majeures si ce n’est dans le combat sol-air ou le canon de DCA sera supplanté par les missiles tels que le Roland, le Hawk ou plus récemment le Mistral.
L’artillerie sera de toutes les batailles et accompagnera pour leur appui les troupes de mêlée dans les guerres coloniales (les 105 de Dien Bien Phû) ou pendant la deuxième guerre mondiale (les canons de Leclerc devant Koufra, les feux du corps expéditionnaire de De Lattre en Italie). Aujourd’hui encore, les canons et les mortiers, mais aussi les observateurs de l’avant sont de toutes les missions de Bosnie au Mali en passant par l’Afghanistan ou le Liban. Grâce à son nouveau canon, le Caesar, les artilleurs tirent aujourd’hui jusqu’à 38 km avec une précision extraordinaire et peuvent frapper leurs cibles avec des effets spéciaux comme des blindés frappés par des obus anti-char Bonus.
Les appuis feux demeurent un atout important pour la préservation de la liberté d’action du chef interarmes hier comme aujourd’hui et probablement demain.






samedi 24 mai 2014

Histoire de l'artillerie (3/4)



L’artillerie a gagné sa place sur les champs de bataille. Les réformes de Gribeauval transforment cette arme qui est maintenant enseignée dans des écoles spécialisées. On considère maintenant qu’il faut huit canons pour 1000 hommes. L’artillerie se diversifie avec l’artillerie de campagne, de siège, de place et de côte. Avec l’industrialisation, Gribeauval crée des prototypes de référence pour homogénéiser la production qui se fait maintenant en masse. Il améliore la portée du tir et la précision grâce à une vis verticale placée sous le tube (afin d’affiner l’angle de tir) et à un usinage adapté aux tailles de boulets. Le chargement de la munition dans le tube est optimisé pour gagner en cadence de tir et ce, par la mise en place d’un coup complet (poudre, bourre, boulet) plus facile d’emploi. Néanmoins, le recul de la pièce demeure important et la portée ne dépasse pas 500 m. Napoléon est officier d’artillerie, il maîtrise parfaitement cette arme tout au long de sa carrière, de sa « batterie des sans-peurs » pendant le siège de Toulon à la bataille de Wagram en 1809 où sa « grande batterie » de près de 100 canons répartis sur 1400 m de front va permettre la rupture du dispositif autrichien et la contre-attaque victorieuse des troupes de Mac Donald. Lors des campagnes impériales, les premières fusées de guerre font leur apparition au sein des troupes anglaises. Même si elles portent de 1800 à 2700m elles sont peu fiables et sont abandonnées jusqu’à ce que les spécialistes de l’école de pyrotechnie de Metz les remettent au goût du jour en 1845.
Dans le même temps, la réforme Valée, du nom du maréchal qui la met en œuvre, donne à l’artillerie une plus grande mobilité tactique et une meilleure précision grâce à des alliages de métaux plus fins. Valée est d’ailleurs un artisan de la victoire de Constantine car ses mortiers à la Gomer effectuent des tirs en cloche meurtriers sur la ville assiégée pourtant défendue elle-même par les 46 canons de place du bey des Kabyles. Avec le second empire, le général Ducos de la Hitte milite pour mettre en place, à partir de 1850, des rayures de tube qui stabilisent par rotation le projectile sur la trajectoire permettant ainsi d’atteindre des portées allant jusqu’à 3400m avec une bonne précision. D’autres envisagent déjà le chargement par la culasse, système qui fera défaut aux Français en retard dans ce domaine face aux Allemands pendant la guerre de 1870.

lundi 19 mai 2014

Histoire de l'artillerie. (2/4)




Les besoins tactiques imposent des évolutions techniques pour le roi qui dispose désormais du canon classique français ou système Vallière. Un moyen de visée sommaire est fixé sur le canon et des cales de bois permettent d'adapter l'inclinaison du tube. La cadence de tir demeure lente avec 1 coup toutes les dix minutes. Avec les guerres de Louis XIV, Jean de Vallières doit donc réformer l'artillerie et rédige l'ordonnance royale du 7 octobre 1732 qui impose des modèles de canons simples et uniformes pour toute l'artillerie. Les munitions sont également standardisées et, une fois de plus les calibres avec les 33, 24, 16, 12, 8 et 4 livres. La mobilité est encore fragile mais cela n'empêche pas les pièces d'appuyer la cavalerie à la bataille de Fontenoy en 1745 brisant l'élan de la colonne anglaise ou les assauts hollandais contre les fortins et bastions français.

mardi 13 mai 2014

Histoire de l'artillerie. (1/4)

 
Nous débutons une série d'articles sur l'histoire de l'artillerie afin de mettre en avant l'évolution de l'appui feu au travers de l'histoire militaire.
Les premières bombardes se composent d'un tube, d'une boîte à poudre et d'un projectile. Elles propulsent des pierres rondes à une centaine de mètres. Malheureusement, la poudre est d'une qualité incertaine et ces pièces sont peu manœuvrables ce qui n'empêche pourtant  pas,  à Castillon en 1453, aux 300 canons de Jean Bureau (maître de l'artillerie du Roi) d'appuyer l'infanterie de Charles VII qui bouscule les Anglais mettant ainsi un terme à la Guerre de Cent Ans. Dans cette bataille, le commandant des troupes anglo-saxonnes, Talbot, est tué par un boulet.
Lors des guerres d'Italie, pendant la Renaissance, l'artillerie devient davantage une arme de campagne car elle était jusqu'à présent surtout une arme de siège pour briser les murailles des cités encerclées. Un autre problème apparaît car chaque ville minière abrite une fonderie de canons. La production devient anarchique et les maîtres d'artillerie reçoivent la mission d'homogénéiser les calibres. Au terme de cet effort, les armées de l'époque disposent de canons (cal.16,2cm), de grandes couleuvrines (12,4cm), de couleuvrines bâtardes (9,7cm), de couleuvrines moyennes (7cm), de faucons (5,6cm) et de fauconneaux (4,97cm).

A suivre...


jeudi 8 mai 2014

Commémorations du 8 mai.

 
En ce 8 mai 2014, nous commémorons, en particulier, le 70ème anniversaire du débarquement de Normandie, première étape de la Libération de l'Europe. C'est aussi l'occasion d'évoquer l'épopée du maréchal Leclerc, d'abord à la tête d'une poignée de français ralliés au Tchad puis chef d'une colonne victorieuse en Afrique du Nord et enfin commandant la célèbre deuxième division blindée française qui libèrera Paris puis Strasbourg pour honorer le serment de Koufra.
En ce jour, ayons donc une pensée pour tous ses Français libres et Résistants qui ont, au sacrifice de leur vie, sauver l'honneur de la France et participé, aux côtés des Alliés, sur tous les fronts, à la victoire.

dimanche 4 mai 2014

Un ouvrage en hommage aux Poilus : "Les grands jours" de Pierre Mari.


Alors que se préparent les commémorations du premier conflit mondial, le prix Erwan Bergot 2013 a salué le livre de Pierre Mari : "Les grands jours". Ce spécialiste de la littérature de la Renaissance et auteur de plusieurs essais et romans raconte avec humanité et un sens aigu du détail les combats du bois des Caures en février 1916 au moment où les troupes allemandes déclenchent la terrible bataille de Verdun censée "saigner l'armée française". Évoquant la courageuse défense des chasseurs du lieutenant-colonel Driant malgré la puissance de l'assaut ennemi, Pierre Mari décrit le quotidien du soldat, l'horreur des bombardements mais aussi la fraternité d'armes, la volonté de ne céder qu'en dernier recours. Ce livre met également en exergue quelques enseignements tactiques et ce, au travers de l'impréparation de l'armée française dans ce secteur du front, privé d'artillerie lourde et dont le réseau de tranchées manque des travaux nécessaires à la protection des soldats (abris) ou à la contre-mobilité (réseaux de barbelés). Alors que les déserteurs annoncent la préparation d'une offensive majeure, les réserves sont mal positionnées, les batteries d'artillerie de 75mm pas suffisamment retranchées et le commandement se refuse à anticiper tout cas non conforme. En bref, un livre à dévorer en quelques heures, émouvant et bouleversant par son authenticité et son hommage à nos chers Poilus.