Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

lundi 28 juillet 2014

Relire « Patton » de Ladislas Farago : le grand général mis en perspective (1/2).

Nous avions déjà évoqué des biographies du général Patton afin de cerner le caractère de cet officier singulier disparu prématurément dans un accident automobile le 21 décembre 1945. Néanmoins, l’ouvrage de Ladislas Farago, écrit en 1963, en particulier à partir des carnets de Patton, souligne la dimension humaine de Patton, détaille ses états d’âme, ses défauts, ses relations avec ses chefs, pairs ou subordonnés, ses coups de génie mais surtout son impétuosité de l’Afrique du nord à l’Allemagne en passant par la Sicile. De la même façon, au-delà des premières années fondatrices de la carrière militaire de « Georgie », le livre met en perspective l’action de ce chef militaire au cœur de la seconde guerre mondiale tout en cherchant à démontrer les conséquences graves de certains choix stratégiques sur la conduite de la campagne alliée de 1944-1945 au détriment des commandants tactiques qui, comme Patton, avaient la capacité de bousculer les armées allemandes.


Georges Patton est un solitaire et cultive cette solitude comme les grands capitaines qu’il a lus, qu’il admire ou qu’il cherche à imiter comme Napoléon ou Wellington. En revanche, il accorde sa confiance à ses officiers dont il préserve l’initiative une fois le plan global fixé. Il est convaincu que la manœuvre ne peut être qu’interarmes alors que d’autres généraux demeurent convaincus de la prédominance de l’infanterie.
« Patton était toujours extrêmement méticuleux quand il préparait ses campagnes et distribuait les missions à ses commandants. Mais une fois le plan achevé et les tâches distribuées, il laissait les officiers exécuter les ordres comme ils l’entendaient, sans les surveiller. Il développa ce principe plus tard, en France, quand il nota dans son journal : je suis parfois atterré par la bêtise humaine. Je suis également écœuré d’entendre Hodges et Bradley déclarer que toute la valeur de l’humanité dépend de la connaissance de la tactique de l’infanterie. »
L’arme blindée, dont il a connu les balbutiements en 1917-1918 à la tête de sa brigade de chars FT17, garde les faveurs de « Georgie » car cette fonction opérationnelle correspond à sa fougue, à la vivacité des manœuvres qu’il imagine pour garder l’initiative sur l’adversaire et imprimer son rythme à la bataille.
Au quotidien, l’histoire joue un rôle important dans les choix du général qui n’hésite pas à innover pour s’adapter aux opportunités tactiques qui se présentent.
« Patton s’adonnait à d’autres activités dont il n’aimait guère parler, de peur que cela ne nuise à son personnage d’homme d’action. Il acheta une bibliothèque volumineuse, surtout des livres d’histoire et des ouvrages sur l’art militaire, et les lut tous d’un bout à l’autre, avec un esprit ouvert et critique. Il se mit aussi à écrire, et ses articles pour les revues militaires sont sans doute les meilleurs jamais écrit par un officier d’active. »
Ainsi, afin de disposer de davantage de renseignement, il crée des groupes de cavalerie lancés en avant de son armée (jeeps et autos blindées) ou des forces ad hoc pour s’emparer de tel ou tel objectif. Son instinct guerrier, ses visions prophétiques largement soutenus par une étude approfondie du terrain, de l’ennemi ou des objectifs stratégiques des belligérants vont lui permettre de conduire ses opérations avec une grande faculté d’adaptation voire de prévoir l’impensable comme son article de 1935 concluant à une attaque japonaise sur Pearl Harbour.
Très proche de ses hommes, Patton, souvent caricaturé par l’affaire des gifles ou son franc parlé est très sensible au moral de ses soldats, à leurs conditions de vie mais aussi à leur courage. Il visite régulièrement les hôpitaux de campagne, décore les plus valeureux, exige d’eux beaucoup mais sait les récompenser ou améliorer leur quotidien. Ses discours, comme l’énergie qu’il imprime à la manœuvre, donneront à ses unités un esprit de corps et une fierté particuliers certes mais salvateurs face aux revers ou aux conditions difficiles à l’instar de l’hiver 1944-45…
A suivre…
Image : créalivres.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire