Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

dimanche 24 août 2014

70ème anniversaire de la libération de Paris : les adversaires de la 2ème DB.


 


Alors que demain sera le jour anniversaire qui marque le 70ème anniversaire de la libération de la capitale française par une action conjointe des FFI (forces françaises de l’intérieur), de la 2ème DB du général Leclerc mais aussi d’éléments de la 4ème division d’infanterie américaine, nous ne revenons pas sur la chronologie des évènements mais adoptons une étude plus thématique. En effet, il semble intéressant de s’interroger sur l’articulation allemande qui fait face aux combattants français et alliés ainsi que sur les choix tactiques choisis pour défendre une zone urbaine étendue.
Avec des moyens comptés, le général Von Choltitz va déployer un dispositif en 2 volets attendant le renfort annoncée d’une ou de divisions Panzer et comptant sur l’appui des aéronefs de la Luftwaffe basés au Bourget. Néanmoins, l’insurrection parisienne mais aussi la souplesse comme la fulgurance de l’engagement des groupements tactiques interarmes de la 2ème DB vont rapidement mettre à mal le rideau défensif allemand.


Le général allemand Von Choltitz, alors qu' il prend le commandement de Paris le 7 août 1944, remet à plat son plan de défense et décide de créer la 325ème division de sécurité renforcée de divers éléments comme une brigade de DCA, mais aussi une compagnie de chars. Ces derniers sont de valeur variable puisqu’on trouve des Panthers, quelques Tigres I mais aussi des Somua S35 pris à l’armée française en 1940. L’état-major allemand prépare alors un dispositif associant une ceinture défensive extérieure et, dans Paris une série de points d’appui sur les carrefours importants et appuyés sur les grands jardins (transformés en hérissons) comme les Tuileries ou le Luxembourg et les casernes (Ecole militaire par exemple).
 
 


 
Les régiments d’infanterie disposent de 4 compagnies de combat chacun, les unités de reconnaissance ont quelques automitrailleuses alors que les moyens anti-chars (PAK Abteilung) regroupent des canons de 37 et de 88 mm.


 
Les moyens de génie (Pioneer Abteilung) sont assez faibles pour assurer la contre-mobilité et la protection des unités mais sont renforcées par un bataillon sur ordre d’Hitler, spécifiquement dédié au minage des ouvrages d’art, des infrastructures industrielles et des monuments de la capitale.
En fait, afin d’assurer l’efficacité de leur défense externe, tout en recueillant leurs troupes arrivant de Normandie, les Allemands devaient pouvoir conserver la liberté d’action de leurs troupes dans la capitale, mais aussi ne pas diluer ses forces entre Paris et la banlieue.
La ligne de défense tracée (le 16 août) décrit un arc de cercle d’une centaine de kilomètres. Elle s’appuie sur la Seine à l’Ouest de Poissy et rejoint la Marne à la hauteur de La Varenne-Saint-Hilaire. Le gouverneur de Paris sait que le lieutenant-colonel von Aulock, responsable de cette défense, peut difficilement tenir un front aussi long sans recevoir de sérieux renforts. Ces renforts, Hitler les avait promis. Il s’agirait de deux divisions blindées, de quelques unités de la XVème armée (plus au nord) mais aussi d’un mortier géant (Karl) capable de détruire, à chaque coup, des quartiers entier. Von Choltitz l’avait d’ailleurs expérimenté sur le front de l’Est lors du siège de Sébastopol.
 
En attendant, pour renforcer la ceinture défensive, von Choltitz fait démanteler (le 16 août) toutes les pièces de D.C.A. installées dans Paris pour les utiliser comme pièce anti-chars. Pour lui ces canons ne servent à rien dans la ville « puisque les Alliés ne bombarderont sûrement pas Paris. » Ainsi sont constitués 20 batteries de 88, 11 batteries de 75 et 21 batteries de 37. (Soit 200 pièces au total).
En outre les Allemands mettent sur pieds un détachement particulier pour maintenir l’ordre en ville face aux insurgés. Ils préparent ainsi 36 postes de défense (points d’appui) pour assurer leur liberté d’action. Enfin, ils créent des unités d’alerte à partir des soldats des états-majors et des services d’administration pour disposer des éléments mobiles et d’une réserve d’intervention urbaine.
Von Choltitz, tant pour des raisons militaires que politiques voire éthiques, se refusent, contrairement aux ordres reçus, à faire sauter les 45 ponts de Paris ou à affamer la ville. En effet, il a besoin des ponts pour permettre le repli ou le mouvement de ses troupes et ne souhaite pas rendre plus violente encore l’insurrection parisienne avec une population privée d’eau ou de sources de subsistance.
La 2ème DB va donc, dans sa progression, se heurter au rideau défensif, en particulier sur le point dur que constituent les positions de Longjumeau, Massy et Sceaux. Appuyés par leur artillerie, les groupement tactiques de la 2ème DB percent et foncent sur Paris avec audace. Aux portes de la capitale, les soldats français, guidés par les FFI évitent la majeure partie des points d’appui ou les neutralisent par des mouvements tournants (destruction des chars allemands à partir des axes de progression). L’objectif rapidement atteint demeure le centre de gravité allemand, le général Von Choltitz, qui se rend dans son PC de l’hôtel Meurice.
 

 

Des combats se poursuivent mais la 2ème DB ainsi que la 4ème DI sont rapidement maîtres de la ville. Dans les jours qui suivent, ils devront malgré tout tomber en garde sur les lisières nord de la ville pour arrêter une violente contre-attaque allemande dans la région du Bourget.
Paris est libérée, cette bataille montre également la difficulté de défendre une zone urbaine ou de la conquérir, surtout en présence d’une forte population, de combattants irréguliers qui menacent les lignes de communication et ce, alors que les forces en présence, contrairement aux combats en URSS ou en Allemagne par exemple, se refusent à transformer la ville en champ de ruines pour prolonger le combat.
 
Rendons hommage aux combattants de la France Libre et de la Résistance qui ont su préserver les civils et la capitale et vaincre avec audace l’adversaire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire