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mardi 9 septembre 2014

Surprise et mobilité : la bataille de Mohi - 1241

 
Nous débutons une série de posts sur l'innovation, la mobilité, la fulgurance et la surprise ainsi que la capacité, pour celui qui en est la cible, de dépasser la sidération induite et, in fine, à s'adapter tant sur le plan tactique qu'en termes de doctrine ou d'équipements.
La bataille de Mohi et la tactique des Mongols apparaît comme un premier exemple d'une manœuvre basée sur la surprise et la vitesse.
 
La bataille de Mohi se déroule le 11 avril 1241. Cette bataille est le principal affrontement entre les armées Mongoles, menées par Batû-Khan, petit-fils de Gengis Khan, et les armées du Royaume de Hongrie pendant l’invasion Mongole de l’Europe.
 


 
Subotaï et Batû-Khan, petits-fils de Gengis Khan, conduisent une puissante armée de près de cent cinquante mille guerriers. Les premières victimes de cette migration sont les Bulgares-Kama qui, en 1233, sont soumis au joug Mongol. Quelques années plus tard, ce sont les principautés Russes qui sont également conquises. En 1240, les Mongoles ravagent complètement la ville de Kiev. Les armées Mongoles continuent leur progression vers l'Occident, traversent la petite Pologne et sa capitale Varsovie puis remontent vers la Silésie où a lieu la bataille de Liegnitz (ou Legnica), le 9 Avril 1241. Les Polonais et les chevaliers Teutoniques sont défaits. A la suite de cet affrontement, les armées Mongoles arrêtent leur progression vers l'Europe Occidentale et se retournent vers le Royaume de Hongrie.
La rencontre entre les deux armées a lieu à Mohi, village situé sur la rivière Sajó, affluent de la Tisza. Subotaï doit battre le plus vite possible Bela IV, roi de Hongrie, avant qu’il n’apprenne son isolement total et se retire derrière le Danube vers les forteresses de la Hongrie occidentale. Si d'aventure cela se produisait, Sübotaï devrait les réduire une à une au cours de longs sièges qu'il se refuse à mener.
 
 

Déroulement de la bataille :
Temps préliminaire :
Dans l'après-midi du 10 avril 1241, le général mongol Sübotaï arrive en vue du pont de pierre enjambant la rivière Sajó près de Mohi. Il prend la décision de maintenir le gros de son armée à environ 10 Km. Désirant provoquer un mouvement irréfléchi du roi de Hongrie Bela IV et espérant une traversée de la rivière par ce dernier, Sübotai laisse un détachement très faible comme appât.
Bela IV atteint le fleuve plus tard, le même jour et met en place une tête de pont sur son flanc droit.
 
Il fait protéger le pont par son flanc gauche puis établit son camp en occupant une forte position. Sur cette position, il veut recevoir le choc de l’attaque des Mongols.  Le plan de Sübotaï s'avére donc compromis. Bela IV occupe une position bien aménagée et ne semble guère  vouloir prendre le risque d'avancer vers son adversaire. Sübotaï n'a pas d’autre choix que d’attaquer mais dans des conditions très risquées.
Temps 1 :
À l'aube du 11 avril, les Mongols lancent une attaque menée par un millier de cavaliers, appuyés par une importante artillerie poliorcétique (vraisemblablement des armes à poudre chinoises et des bombes incendiaires) et ce, en franchissant le pont de pierre qui enjambe la Sajó. Il s’agit d’une diversion visant à fixer les Hongrois sur la défense du point de franchissement. Les commandants hongrois, peu habitués aux méthodes des Mongols, parviennent, malgré tout, à tenir jusqu'à l’arrivée de renforts : le roi Bela IV doit en effet sortir de son camp retranché pour renforcer le dispositif.
Temps 2 :
Ayant fait franchir l’essentiel de son armée suffisamment loin des combats, Subotaï peut surgir par surprise sur les flancs de l’armée hongroise. Celle-ci, en déroute, se réfugie, dans un premier temps, dans son camp retranché qui est rapidement débordé après un bombardement massif de naphte brûlant, de pierres et de flèches enflammées. Les soldats hongrois qui ont cherché le salut dans la fuite vers l’ouest sont alors rapidement rattrapés par les cavaliers mongols et massacrés.
Bilan :
En quelques heures, l’armée hongroise a été exterminée, même si le roi Bela IV a réussi à s’échapper. Les Mongols le poursuivront en ravageant toute la Hongrie, laissant des régions entières complètement dévastées et dépeuplées.
 
Enseignements tactiques :
La surprise comme multiplicateur de force :
Grâce à sa manœuvre de diversion, Subotaï réussit à surgir où Bela IV ne l’attend pas, réduisant l’avantage défensif de ce dernier.
Analyse du terrain :
Dans un camp retranché protégé par des coupures humides, les Hongrois se positionnent sur des points favorables. Seule une analyse terrain minutieuse a permis aux Mongols de définir une zone de franchissement favorable à une attaque par surprise avec leur élément principal.

Liberté d’action :
Ayant jeté toutes leurs forces dans la défense du pont, les Hongrois perdent leur liberté d’action. Fixés sur la rivière Sajó, ils ne peuvent ni manœuvrer, ni battre en retraite. N’ayant pas la mobilité de leur ennemi, leur retraite devient déroute.
Economie des moyens :
Trois fois plus nombreux, plus mobiles et mieux équipés (poliorcétique à poudre noire), les Mongols auraient été logiquement victorieux de cet affrontement, quelle que soit sa forme. Toutefois, Subataï a cherché à concevoir une manœuvre de diversion efficace afin de pouvoir vaincre rapidement et économiser des forces nécessaires à l’exploitation ultérieure de la victoire.
 

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