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« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

mercredi 2 septembre 2015

A lire ou à relire : Napoléon, chef de guerre, Jean Tulard.

 
Cette réédition 2015 de l'ouvrage de Jean Tulard, sur celui qu'il qualifie d'un des plus grands capitaines de l'histoire, permet d'aborder Napoléon selon son côté "guerrier" considérant que "le militaire l'emporte toujours en prestige sur le civil, même si finalement celui-ci a le dernier mot". L'auteur divise son étude selon des domaines touchant à la préparation de la guerre, à sa conduite et, après les victoires, aux défaites et à leurs raisons. Des annexes complémentaires permettent au lecteur de rentrer dans le détail des batailles, des spécificités dans l'emploi des différentes armes ou des subtilités des modes d'action de l'Empereur.

Une guerre doit donc se préparer et ce, d'abord par une bonne culture militaire, Napoléon ayant lu de nombreux auteurs comme de Vallière, Surirey de Saint-Rémy, Guibert, Bourcet ou les campagne de Frédéric II. Il a également retenu que le Maréchal de Saxe gagnait ses batailles avec les jambes de ses soldats et mettra en pratique ce principe avec la Grande Armée. Néanmoins, il ne semble pas avoir suffisamment médité les conclusions de Le Roy Grandmaison sur la "petite guerre" ou contre-insurrection. En outre, pour préparer une armée, il faut l'organiser, l'équiper, l'administrer. Dans ce cadre, il organise le secrétariat général du ministère de la guerre avec ses différentes sections : fortifications, lois et décrets, artillerie, poudres, retraites et pensions,... dispositif assez proche des structures contemporaines.
Jean Tulard décrit ensuite la nature des états-majors, celle des maréchaux, avec leurs qualités et défauts, et enfin le lien qui unit Napoléon à ses soldats avec, en particulier, la création de la Légion d'honneur, symbole du mérite par l'effort. Certains défauts mettent de l'ombre au tableau notamment les soldats étrangers peu fiables ou la gestion encore balbutiante des blessés, même si l'Empereur s'impose de gérer au mieux les invalides et certains orphelins comme ceux des tués d'Austerlitz.
L'accent est mis sur l'emploi de l'artillerie ("plus l'infanterie est bonne, plus il faut la ménager et l'appuyer par de bonnes batteries"), sur le mouvement qui doit surprendre l'ennemi, le contourner, l'encercler et l'enfoncer. Les manœuvres sont à la hauteur du génie de Napoléon avec une mobilité propre à menacer les lignes de communication de l'adversaire, une conduite au plus près et une victoire conquise avant même l'engagement. 
Un effort est fait sur le renseignement, les cartes et le financement des troupes comme de leurs équipements, argent gagné sur les pays vaincus.  Gérer la paix, les prisonniers mais aussi le recrutement ou les pertes font aussi parties des préoccupations du général français, homme tout entier tourné vers une efficacité pragmatique dans ses campagnes. Malheureusement, au-delà des succès, certains domaines affaiblissent le bilan de Napoléon, que l'on pense à la guerre maritime ou économique, à la guerre d'Espagne ou à la retraite de Russie, vulnérabilités qui sonneront le glas de l'épopée.
Au bilan, l'Empereur reste un chef militaire remarquable, d'une grande innovation et qui aura su apporter de la fierté et de la grandeur à son armée comme à tout un peuple, voire à une partie de l'Europe. Ce livre est donc une belle synthèse de l'homme, du stratège et de la légende que représentent, tout à la fois, Napoléon chef de guerre.
 
Bonn lecture...

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