Bienvenue sur l'écho du champ de bataille

« L’écho du champ de bataille » a pour ambition de vous proposer à la lecture et à la réflexion des contributions sur des sujets relatifs à la stratégie, à l’art opératif, à la tactique et plus largement sur l’engagement et l’emploi des armées. Ces brèves, illustrations ou encore problématiques vous seront livrées sous le prisme de l’histoire militaire mais aussi sous celui des théâtres d’opérations d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain. Des enseignements de grands chefs militaires de toutes les époques aux analyses polémologiques prospectives en passant par la doctrine ou aux équipements des forces françaises et étrangères. Gageons que vous aurez plaisir à lire ces articles ou à contribuer au débat. Bonne lecture…

La bataille du lac de Trasimène - 217 Av JC

Contexte :
Lors de la deuxième guerre punique, en 219 avant JC, Hannibal prend le commandement des armées carthaginoises. Il conquiert d’abord l’Espagne puis décide, après avoir traversé le sud de la Gaule, de porter la guerre en Italie. En 218 avant JC, il remporte ses premières victoires face aux Romains au Tessin et à la Trébie. Pour l’arrêter, Rome veut regrouper ses deux armées aux ordres respectivement du consul Flaminius et du consul Servilius afin de poursuivre et de détruire les troupes de Carthage. Ces dernières, se sachant talonnées, s’installent discrètement sur les hauteurs escarpées du lac de  Trasimène.

Forces en présence :
Hannibal : Il aligne 31 à 39 000 fantassins et 10 000 cavaliers avec des contingents gaulois, carthaginois, ibères et numides. Le général prend le temps d’étudier le terrain et prépare soigneusement son action.
Flaminius : Il décide d’intervenir sans attendre les renforts avec deux légions et des troupes alliées regroupant 22 000 fantassins et près de 3500 cavaliers. Il est connu pour être audacieux et courageux mais peu prudent.

Déroulement de la bataille :
Temps 1 : Hannibal reconnut en détail les rives du lac et profita du brouillard pour installer discrètement son dispositif sur les hauteurs dominant le plan d’eau. Renseigné par ses espions sur les mouvements romains et connaissant le caractère impétueux de Flaminius, il prépara une embuscade de grande ouverture.  Son dispositif se décompose en quatre corps répartis le long de l’étroite rive avec, en particulier un dispositif d’arrêt composé des fantassins ibères et africains et d’une réserve de cavalerie dissimulée à l’entrée d’une vallée pour empêcher toute retraite. Les Romains, quant à eux, pénètrent dans le défilé en deux échelons dont une avant-garde de 6000 hommes.


Temps 2 : Les Carthaginois attaquent d’abord l’avant-garde de Flaminius et sépare en deux le corps de bataille romain pour l’affaiblir. Pris de panique par cet assaut violent, les Romains ne purent se mettre en ordre de bataille et perdirent rapidement leurs officiers. Les troupes de Flaminius furent massacrés en, trois heures, le consul eut la tête tranchée et des soldats se jetèrent dans les eaux du lac où nombre d’entre eux se noyèrent. Seule une partie de l’avant-garde réussit à percer.


Temps 3 : La nuit venue, la cavalerie carthaginoise poursuivit les éléments romains qui avaient réussi à franchir l’embuscade et les fait prisonniers. Elle devance et détruit ensuite, dans les marais de Plestia, la cavalerie de Servilius arrivant à marche forcée pour aider l’armée romaine anéantie.



Bilan :
Les Romains dénombrent 15 000 tués ainsi que 4000 cavaliers neutralisés de l’armée de secours et comptent 10 000 prisonniers dont bon nombre seront executés. Carthage, de son côté, aurait perdu de 1500 à 2500 combattants.

Enseignements tactiques et doctrinaux :
-Hannibal rompt avec les batailles de l’Antiquité en mettant en place une embuscade à grande échelle.
-Afin de garantir sa liberté d’action, il choisit et étudie son terrain pour prendre l’initiative.
-Il garde une réserve de cavalerie pour couvrir son action face aux renforts ennemis et pour exploiter son avantage en poursuivant les derniers combattants de Flaminius.
-Il concentre ses efforts sur un site géographique favorable et choisit comme point décisif l’avant-garde pour diviser les Romains et s’attaquer ensuite au centre de gravité de son adversaire.
-Flaminius ne prend aucunes mesures de sauvegarde dans sa progression, ne se flanc-garde pas et ne cherche pas de renseignement persuadé d’être sur les talons de son ennemi.
-Il sous-estime Hannibal et prête pas attention à l’économie de ses moyens en n’attendant pas les renforts de Servilius.